Les « ZOOM SUR » contiennent des informations extraites de « l’ENVIRONNEMENT en Poitou-Charentes », production collective élaborée au sein du Réseau Partenarial des Acteurs du Patrimoine Naturel (RPAPN).
Les mares sont des petites étendues d’eau stagnante de surface inférieure à 1 000 m2 et de profondeur inférieure à 2 m.
« On entend par zone humide les terrains exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d’eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire ; la végétation, quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l’année ».(première définition juridique dans la Loi sur l ’eau 1992).
Aujourd’hui, une définition plus précise identifie les critères spécifiques des
sols et/ou de la végétation des zones humides. (dans l ’arrêté du 1er octobre 2009)
L’eau y est donc le facteur déterminant tant pour le fonctionnement de ces
zones naturelles que pour la vie animale et végétale.
Les zones humides sont le plus souvent des écotones. Elles sont des interfaces entre le milieu terrestre et le milieu aquatique (prairies inondables en bordure de cours d’eau, tourbières, marais littoraux...). Ce sont alors des zones de transition écologique entre deux écosystèmes différents. Mais elles peuvent être aussi des milieux aquatiques à part entière, tels les mares, les étangs...
Leurs fonctions écologiques (processus naturels exempts de l’intervention humaine) sont de plusieurs ordres :
Elément historique caractéristique de la région Poitou-Charentes, les mares représentent aujourd’hui l’un des habitats d’eau douce les plus vulnérables et les plus menacés par les activités humaines.
Un inventaire à l’échelle régionale, réalisé entre 1998 et 2002 par les associations départementales de protection de l’environnement, sous
l’égide de Poitou-Charentes Nature (PCN), a estimé que près d’un quart des mares existantes dans les années soixante-dix a disparu en 20 ans sous la pression de la modification des pratiques agricoles, de l’urbanisation, mais aussi suite à l’absence d’entretien. En effet, lorsqu’elles ne sont pas entretenues, les mares peuvent se combler assez rapidement (atterrissement) car la végétation produite chaque année se dépose sur le fond sous forme de matière organique.
Cet inventaire régional a dénombré plus de 30 000 mares.
Hébergeant une végétation et une faune spécifiques, les mares constituent de véritables réservoirs de biodiversité depuis les berges humides jusqu’au fond vaseux.
Certains y passent leur vie, d’autres ne sont que de passage.
Température, exposition au soleil ou qualité de l’eau et du sol influencent la biodiversité des mares. La composition de l’eau par exemple dépend du contexte (agriculture, habitations...) et des caractéristiques du substrat (acide ou basique...).
La ceinture de végétation est développée et diversifiée (lysimaque, salicaire, laîche et jonc, iris, menthe aquatique...).
Beaucoup d’animaux associés à ces milieux ne sont pas strictement
aquatiques mais ont un lien avec l’eau : espèces dont le stade larvaire se déroule dans l’eau, prédateurs d’animaux aquatiques, espèces qui viennent s’abreuver...comme par exemple l’alyte accoucheur, la couleuvre à collier ou le héron cendré.
La lumière se raréfie. Certaines plantes poussent complètement ou en grande partie immergées(cornifle, élodée, myriophyle...).
Autour d’elles, des animaux nagent, vivent sur le fond ou dans leurs ramures (notonecte, nèpe, dytique...).
Ancrée dans la vase par d’imposantes racines ou rhizomes, les plantes résistent à d’importantes variations du niveau de l’eau. Elles forment parfois des massifs denses (roseaux et massettes).
Leur couvert sert d’abri à de nombreuses espèces (rainette verte).
Interface entre le milieu aquatique et le milieu terrestre, de nombreux
animaux gravitent sous ou sur cette limite (grenouille verte, gyrin, gerris,
triton...).
Les plantes aquatiques ont souvent un feuillage étalé (renoncule, nénuphar, lentilles d’eau).
Les mares sont des sites de reproduction privilégiés pour les amphibiens dont certains sont inféodés à ce milieu pour leur reproduction. La pérennisation des populations est donc liée au maintien de cet habitat.
Ainsi, avec le déclin des mares, plus d’1/3 des espèces est aujourd’hui
menacé de disparition.
La classe des amphibiens est divisée, pour ce qui concerne l’Europe, entre les urodèles, qui possèdent un corps allongé et une queue (salamandres, tritons...), et les anoures qui disposent de longues pattes postérieures mais qui sont privés de queue (grenouilles, crapauds...).
Ils sont au centre des chaînes alimentaires : ils se nourrissent principalement d’invertébrés (vers, insectes, crustacés, mollusques) et constituent, à l’état larvaire ou adulte, l’alimentation de certains insectes et de nombreux vertébrés (poissons, reptiles, oiseaux, mammifères).
Les qualités de l’eau et du couvert végétal sont les premiers facteurs qui
expliquent la présence et l’abondance des espèces dans un site donné ; les amphibiens sont donc de très bons indicateurs biologiques.
Mais l’abondance des espèces dans un site dépend aussi de facteurs plus globaux, à l’échelle du paysage.
L’ ensemble des espèces d’amphibiens est protégé sur le plan national.
En Poitou-Charentes
21 espèces sur 34 françaises ont été inventoriées dans la région.
Les bocages, tels le bocage bressuirais et la Gâtine poitevine, ou les landes parsemés de mares, telles les brandes de Montmorillon et les landes du Pinail, abritent entre autres le triton marbré (Triturus marmoratus), le triton crêté (Triturus cristatus), la grenouille verte de Lessona (Pelophylax lessonae) et la rainette verte (Hyla arborea). Ces espèces sont toutes déterminantes en Poitou-Charentes, protégées en France, présentes sur les listes rouges nationale et régionale, et inscrites en annexe à la Convention de Berne et à la Directive « Habitat ».
La salamandre tachetée (Salamandra salamandra), la grenouille
rousse (Rana temporaria) ou la grenouille agile (Rana dalmatina) sont
caractéristiques de milieux évolués comme les mares de prairies ou les
mares forestières (bocage de Gâtine, forêt de Moulière...).
Au contraire, le crapaud calamite (Bufo calamita) ou le sonneur à ventre
jaune (Bombina variegata) sont des espèces dites pionnières, qui utilisent pour se reproduire des mares temporaires, des ornières, des prairies humides, ...telles dans les Chaumes d’Avon ou la Vallée de la Tardoire.
Elles peuvent également bénéficier d’une protection dans le cadre de site classé en Réserve Naturelle Nationale - RNN (Réserve Naturelle du Pinail) ou en Réserve Naturelle Régionale - RNR (Vallée de la Renaudie).
Plus récemment, les mares sont au centre de la loi Grenelle II au travers la Trame Verte et Bleue (TVB) et par sa déclinaison en Schémas Régionaux de Cohérence Ecologique (SRCE).
Mais le plus souvent, les mares bénéficient de la protection des espèces
qu’elles abritent. De nombreuses espèces liées aux zones humides,
tant animales (Cistude d’Europe, Salamandre tachetée...) que végétales
(Renoncule à feuille d’Ophioglosse...) bénéficient d’une protection
réglementaire sur l’ensemble du territoire national. Ce statut de protection implique que les espèces concernées soient prises en compte dans des projets d’aménagements. Le Plan Local d’Urbanisme (PLU) par exemple, qui fixe les servitudes d’occupation du sol, est un outil incontournable de protection des zones humides au niveau communal.
Ces listes d’espèces, dites nationales, sont complétées dans chaque région par des listes rouges régionales inventoriant les espèces spécifiquement menacées (Triton de Blasius, Achinondée). Ces dernières ne revêtent aucun caractère réglementaire.
L’inventaire des Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et
Floristique (ZNIEFF) constitue un véritable outil de connaissance des
habitats.
Les Plans Nationaux d’Actions (PNA) sont eux aussi des programmes
stratégiques de connaissance des espèces inféodées aux mares.
Ils assurent le maintien ou le rétablissement, dans un état de conservation favorable, d’espèces menacées ; cela par la mise en oeuvre d’actions visant les populations et leurs milieux. Le flûteau nageant, les odonates, le sonneur à ventre jaune, la cistude d’Europe... font actuellement l’objet de PNA.
En Poitou-Charentes
La Région Poitou-Charentes a lanceé en 2012 un appel à projets visant à la restauration et la création de 1000 mares « 1 000 mares-îlots de biodiversité » qui s’inscrit dans le cadre d’une priorité d’« excellence environnementale » : préservation de la Biodiversité (Plan Régional Biodiversité 2010-2015, Trame Verte et Bleue) ; maintien ou consti- tution d’un élément du paysage ; reconquête de la ressource en eau en quantité et en qualité ; gestion différenciée ou écologique des espaces verts communaux dans le cadre de l’opération Terre Saine “Votre commune sans pesticides”...
Guide des aides Région
Certains Pays ont engagé des démarches de connaissance et de gestion des mares, à l’exemple du Pays Civraisien (86). Ce projet, intitulé « Les mares du Pays Civraisien », est un programme de sauvegarde des mares, engagé avec l’association Vienne Nature. Il s’inscrit dans le cadre de la valorisation et de la promotion des zones humides du Pays : réalisation d’un recensement des mares ; inventaire de la richesse de la flore et de la faune sur quelques mares ; valorisation de cette richesse biologique auprès d’un large public et réhabilitation et aménagement de certaines mares.
Pays Civraisien
Le CEBC (Centre d’Etudes Biologiques de Chizé), l’ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage) et le bureau d’étude NEC (Nature Environnement Conseil) ont mis en oeuvre un programme de recherche (2010-2014) sur « L’intégration des amphibiens et des reptiles dans la conservation et la gestion des bocages ».
site Bocage & Biodiversité
Deux-Sèvres Nature Environnement a développé un programme d’animations pédagogiques scolaires et grand public afin de sensibiliser la population à la problématique de la préservation des amphibiens et des mares de Gâtine.
Des outils pédagogiques ont été créés : poster pédagogique sur les mares de Gâtine et plaquette « Amphibiens et bocage ». Diverses animations grand public et scolaires ont aussi été réalisées.
Des Amphibiens en Gâtine > site de Deux-Sèvres Nature Environnement
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Repères bibliographiques