2.1. Quelques généralités sur l’eau potable
2.2. L’origine de l’eau potable en Poitou-Charentes
2.3. Le traitement de l’eau potable et les normes à
respecter
2.4. La gestion et la distribution de l’eau potable
6> 2.4.1. La structure du réseau d’eau potable6
6> 2.4.2. La gestion du réseau d’eau potable6
6> 2.4.3. Le rendement du réseau d’eau potable6
6> 2.4.4. La sécurité d’approvisionnement de l’eau potable6
6> 2.4.5. Les acteurs de la gestion de l’eau potable6
2.5. La qualité des eaux distribuées
6> 2.5.1. La qualité bactériologique6
6> 2.5.2. Les pesticides6
6> 2.5.3. Les nitrates6
6> 2.5.4. La turbidité6
6> 2.5.5. Les autres paramètres6
Les informations suivantes sont extraites du rapport sur la
« qualité des eaux destinées à la production d’eau potable », produit
en 2002 par le Comité Régional de l’Environnement..
L’eau potable est une eau qui ne porte pas atteinte
à la santé, et qui répond à un certain confort et plaisir de
boire.
L’eau n’est pas seulement un ensemble de molécules
H20 (deux atomes d’hydrogène et un atome d’oxygène).
Elle contient en réalité naturellement une très grande
variété de matières dissoutes, inertes ou vivantes :
des gaz, des substances minérales ou organiques, des
micro-organismes (bactéries, virus, plancton), ainsi que
des particules en suspension (fines particules d’argiles,
limons et déchets végétaux).
En effet, l’eau est un excellent solvant qui se charge en
composés solides ou gazeux tout au long de son cycle,
suivant les milieux (rivières, zones humides, roches,
atmosphère, etc.) dans lesquels elle circule ou séjourne :
La composition chimique de l’eau est ainsi
complètement liée aux caractéristiques du bassin
versant dans lequel elle opère son cycle (la nature du sol
et du sous-sol, les espèces végétales et animales, mais
également les activités humaines).
Une eau qui semble claire et limpide peut transporter
en son sein toutes sortes de substances inertes et
vivantes, dont certaines peuvent être nocives pour
l’organisme humain. C’est pourquoi toutes les eaux dans
la nature ne sont pas bonnes à boire.
« Nous buvons 90 % de nos maladies », disait Louis Pasteur
à la fin du 19ième siècle.
Ainsi, l’eau peut être le vecteur de nombreuses maladies
(qu’elles soient bactériennes, virales ou parasitaires),
d’intoxications, de troubles sur la santé.
Plusieurs terminologies existent pour désigner un
même produit : eau du robinet, eau potable, eau du réseau
public, eau distribuée, eau de boisson, eau d’alimentation…
Les principaux types d’eaux destinées à la consommation
humaine sont celles fournies par un réseau de distribution
et les eaux en bouteille. La définition de ces eaux
destinées à la consommation humaine est fournie par la
Directive 98/83 du 3 novembre 1998, traduite en droit
français dans le Code de la Santé Publique.
Ainsi, qu’elle soit distribuée au robinet ou en
bouteille, l’eau destinée à la consommation humaine est
un aliment, et doit à ce titre :
L’eau est l’aliment le plus surveillé. Le niveau
d’exigence pour sa qualité est très élevé. Pour une eau
potable, la notion de qualité distingue la qualité des
eaux brutes (à l’état naturel, à son lieu de captage),
de la qualité de l’eau distribuée (qui arrive au robinet
du consommateur, après traitement de potabilisation
et parcours dans les canalisations). Les normes et
paramètres qui caractérisent ces deux « visions » de la
qualité de l’eau diffèrent.
(Centre d’Information sur l’Eau, 2013b)
Rappelons que seuls 5 litres par jour sont nécessaires
à l’Homme pour survivre, 40 à 50 litres pour satisfaire ses
besoins minima d’alimentation et d’hygiène.
À cette consommation personnelle, s’ajoute
l’ensemble des consommations collectives (écoles,
hôpitaux, lavage de la voierie, milieu professionnel,
restaurant...) on obtient alors une moyenne de 200 litres
par jour et par personne. (Eau France, 2012)
De fortes disparités existent encore entre les
secteurs ruraux (moyenne entre 90 et 100 litres/hab/j)
et les secteurs urbains (moyenne entre 140 et 150
litres/hab/j), mais elles ont tendance à se combler. En
effet, le monde rural, en dehors de besoins en eau plus
importants pour ses activités professionnelles, est moins
consommateur d’eau que le milieu urbain. Ce constat
s’explique par un recours plus fréquent à l’utilisation
de l’eau des puits privatifs, ainsi que par une présence
souvent moindre d’éléments de confort domestique.
Le niveau des revenus influe aussi sur les
consommations : les personnes à revenu modeste utilisent
en moyenne 90 litres d’eau par jour et par personne. Plus
le niveau de vie est élevé, plus la consommation d’eau
augmente.
Dans les zones touristiques, il faut faire face aux pics
de consommation qu’entraîne la présence de nombreux
touristes en saison. Les installations sont donc conçues
pour alimenter une population plus nombreuse que la
population permanente.
En été, la Charente-Maritime est fortement touchée par
cette problématique avec des pointes de production
journalières pour l’eau potable pouvant atteindre les
260 000 m3/jour.
Cependant, il faut signaler que l’usage domestique
comprend l’utilisation de l’eau non seulement pour la
boisson, mais aussi pour la préparation des repas, le
lavage, les soins d’hygiène, l’évacuation des déchets
organiques, les plantes vertes, les jardins privés et
les animaux domestiques. Pour tous ces usages, chez
l’habitant, un seul robinet fournit une eau de qualité
potable. En effet, lors de la mise en place de l’eau courante,
il a été jugé préférable, d’une part d’éviter l’installation
de deux réseaux parallèles et d’autre part, de supprimer
le risque de confusion entre les deux types d’eau (risque
d’utiliser l’eau non-potable pour la boisson).
Avec l’évolution du coût de l’eau courante, certains usages
domestiques tel que l’arrosage de jardin sont parfois
remis en question. Ainsi, afin de réduire une note d’eau
élevée, certains jardiniers amateurs mettent en place des
systèmes de stockage de l’eau de pluie.
En région Poitou-Charentes, 402 captages
d’alimentation en eau potable (95 en Charente, 83 en
Charente-Maritime, 74 en Deux-Sèvres et 150 en Vienne)
prélèvent 143 millions de mètre cubes d’eau en 2012,
soit près d’un tiers des prélèvements globaux d’eau de
la région. Ce volume est en baisse depuis une dizaine
d’années, du fait des économies d’eaux réalisées sur
les équipements sanitaires notamment, mais peut-être
aussi du fait de l’élévation du coût du mètre cube d’eau
distribuée (Agence Régionale de Santé Poitou-Charentes,
2012).
Les eaux souterraines profondes moins concurrencées
et mieux protégées naturellement, peuvent permettre de
satisfaire à la demande en quantité mais également aux
exigences de qualité imposées par la réglementation en
diluant les eaux contaminées des nappes superficielles :
cependant cet exercice comporte rapidement des limites
du fait de la dégradation continue de la qualité des eaux
des nappes superficielles et des problèmes de qualité
rencontrés au niveau des nappes profondes (fer, fluor,
dureté, sulfates, turbidité, arsenic, sélénium, …). Le
captage des eaux souterraines s’effectue soit à partir
d’une source ou d’une résurgence, soit le plus souvent par
des forages ( jusqu’à 700 mètres de profondeur).
Certains systèmes aquifères de Poitou-Charentes
ont une importance stratégique pour l’alimentation en
eau potable :
La population du Poitou-Charentes est
majoritairement alimentée à partir des eaux souterraines
(62%) et à moindre mesure, à partir des eaux mixtes
(12 %). Les eaux mixtes sont produites par mélange
d’eaux souterraines et superficielles pour des raisons
quantitatives ou qualitatives. (Agence Régionale de Santé
Poitou-Charentes, 2014)
Il est à noter que le Nord-Ouest du département des Deux-
Sèvres ne dispose que des aquifères superficiels du socle
granitique et schisteux très localisés. Cette situation a
conduit les collectivités à s’organiser et à se regrouper
autour de retenues superficielles, tel le barrage du Cébron.
La réglementation définit une eau potable comme
une eau qui ne doit pas contenir un nombre ou une
concentration de micro-organismes, de parasites ou
de toutes autres substances constituant un danger
potentiel pour la santé des personnes. Elle doit, de
plus, être conforme aux limites de qualité définies à
l’annexe I.1 du décret d’application 2001-1220 de la
directive européenne 98/83 relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine.
L’objectif du traitement est alors de protéger les
consommateurs de micro-organismes pathogènes et
d’impuretés désagréables ou dangereuses pour la santé.
L’eau qui coule au robinet, produit élaboré, reflète les deux
préoccupations permanentes que sont la santé publique,
le confort, et le plaisir de boire.
Les services de l’eau (collectivités, syndicats intercommunaux,
sociétés privées) doivent disposer d’une eau
brute de suffisamment bonne qualité pour la production
d’eau destinée à la consommation humaine, et ne pas
nuire à sa santé, qu’elle soit distribuée au robinet ou en
bouteille. Le traitement va consister à prévoir une chaîne
ou filière de traitements dans le but de rendre l’eau
conforme aux limites et références de qualité.
L’ordre et les choix des procédés de traitement
sont toujours guidés en priorité par la nature de l’eau à
traiter et par le débit souhaité. D’autres critères peuvent
ensuite entrer en ligne de compte comme l’autonomie des
procédés, leur capacité à produire un minimum de déchets
(boues, concentrats, éluats de régénération, etc.), leur
encombrement, parfois leur image « médiatique » et
finalement leur coût.
Le traitement des eaux peut être plus ou moins
complexe en fonction de l’origine de l’eau (souterraine
ou de surface). Une eau de surface suivra toujours un
traitement complet physique et chimique, alors qu’une
eau souterraine ne pourra subir qu’un traitement
chimique de désinfection, dès lors qu’elle ne connaît
pas de contamination par le fer, le manganèse, l’arsenic,
les nitrates et les produits phytosanitaires. Le type de
traitement est déterminé en fonction de la qualité de l’eau
brute.
La filière classique de traitement, quelle que soit
l’origine de l’eau, est constituée d’une désinfection (étape
obligatoire) précédée au plus par trois types de traitement :
étapes de pré-traitement, étapes de clarification et étapes
d’affinage.
L’eau prélevée dans la ressource qui arrive en usine
de traitement, est débarrassée des déchets flottants
(dégrillage et tamisage), puis est décantée et filtrée
(clarification) pour retenir les matières en suspension
et éliminer les matières organiques naturelles. Une
désinfection finale au chlore seul (ou dérivés) ou à l’ozone
puis au chlore, élimine virus et bactéries. Selon la qualité de
l’eau brute utilisée, des traitements plus poussés seront
nécessaires, comme par exemple la filtration sur charbon
actif, intervenant entre l’ozonation et la chloration.
En Poitou-Charentes, certaines installations comme
celles de Niort, de Thouars et de Surgères, et celles en
Vienne, effectuent un traitement visant à éliminer ou
réduire la présence de nitrates ou de pesticides. Les
procédés existant pour éliminer les nitrates font appel
à des réactions de dénitratation (traitement chimique)
ou de dénitrification (traitement biologique), tandis que
ceux visant à réduire les concentrations en pesticides ont
recours au charbon actif.
Toutes les eaux distribuées en Poitou-Charentes
sont traitées. Elles subissent soit :
Les populations des plus grandes villes et du littoral sont
alimentées par de l’eau superficielle ou mixte recevant
ainsi de l’eau qui a subi, en tout ou partie, un traitement
complet. La majorité des zones rurales sont alimentées
par de l’eau souterraine qui peut être traitée au charbon
actif (pour éliminer les pesticides), filtrée ou déferrisée,
mais qui sont toutes désinfectées au chlore.
Environ 17 % de la population de Charente est alimentée
par de l’eau qui ne subit qu’une simple désinfection, 15 %
en Charente-Maritime, 40 % dans la Vienne et environ 4 %
dans les Deux-Sèvres. (Agence Régionale de Santé Poitou-
Charentes, 2014)
Les mesures visant à garantir la salubrité de l’eau
distribuée sont codifiées dans le Code de la Santé Publique. Il existe trois niveaux d’exigence de qualité (normes
de qualité) :
Une valeur guide est une estimation de la
concentration d’une substance dans l’eau de boisson qui
ne présente aucun risque pour la santé d’une personne
qui consommerait cette eau toute sa vie. (Ministère de la
Santé et des Solidarités, 2005)
Les valeurs guides sont calculées pour chaque substance.
Leur majorité comporte une large marge de sécurité qui
est jugée suffisante pour tenir compte des interactions
potentielles avec les autres substances présentes dans
l’eau.
La valeur guide est calculée pour le groupe de population
le plus sensible, et est ainsi fonction de la Dose Journalière
Tolérable (D.J.T.), du poids corporel, de la D.J.T. attribuée à
l’eau et de la consommation journalière.
La D.J.T. est une notion importante : il s’agit de la quantité
de substance présente dans les aliments ou l’eau de
boisson, exprimée en fonction du poids corporel, qui peut
être ingérée quotidiennement toute une vie (70 ans) sans
risque appréciable pour la santé.
L’arrêté du 11 janvier 2007 reprécise les limites
et références de qualité des eaux brutes et des eaux
destinées à la consommation humaine mentionnées dans
le Code de la santé publique.
Des exigences de qualité y sont ainsi définies pour 54
paramètres dont voici quelques exemples :
Paramètres | Limites de qualité | Unité |
---|---|---|
Paramètres microbiologiques | ||
Bactéries coliformes | 0 | / 100 ml |
Paramètres chimiques et organoleptiques | ||
Aluminium total * | 200 | μg/l |
Ammonium (NH4+) ** | 0,10 | mg/l |
Chlore libre et total | Absence d’odeur ou de saveur désagréable et pas de changement anormal | |
Chrlorures | 250 | mg/l |
Couleur, odeur, saveur | Acceptable par le consommateur et aucun changement anormal | |
Cuivre | 1,0 | mg/l |
Fer total | 200 | μg/l |
pH | < 6,5 et ≤ 9 | Unités pH |
Sodium | 200 | mg/l |
Sulfates | 250 | mg/l |
Température | 25 | °C |
Equilibre calcocarbonique | Les eaux doivent être à l’équilibre ou légèrement incrustantes (eaux plutôt entartrantes qu’agressives) |
|
Paramètres indicateurs de radioactivité | ||
Dose totale indicative (DTI) *** | 0,10 | mSv/an |
Tritium | 100 | Bq/l |
* À l’exception des eaux ayant subi un traitement thermique pour la production d’eau chaude pour lesquelles la valeur de 500 μg/l (Al) ne doit pas être dépassée.
** S’il est démontré que l’ammonium a une origine naturelle, la valeur à respecter est de 0,50 mg/l pour les eaux souterraines.
*** La DTI permet d’estimer la part de l’exposition des populations aux rayonnements ionisants.
Les limites de qualité portent sur des paramètres
qui peuvent porter atteinte à la santé, par des effets
immédiats ou à plus ou moins long terme. Les références de
qualité concernent les substances sans incidence directe
sur la santé, aux teneurs habituellement observées dans
l’eau, mais qui peuvent mettre en évidence une présence
importante d’un autre paramètre. Elles peuvent concerner
également les paramètres organoleptiques (goût, odeur,
couleur).
Voici quelques exemples de limites de qualité à ne
pas dépasser sur les eaux distribuées :
Paramètres | Limites de qualité | Unité |
---|---|---|
Paramètres microbiologiques | ||
Escherichia Coli (E. Coli) | 0 | / 100 ml |
Entérocoques | 0 | / 100 ml |
Paramètres chimiques et organoleptiques | ||
Chrome | 50,0 | μg/l |
Cuivre | 2,0 | mg/l |
Fluorures | 1,50 | mg/l |
Mercure | 1,00 | μg/l |
Nickel | 20,0 | μg/l |
Nitrates* | 50,0 | mg/ l |
Nitrites* | 0,50 | mg/l |
Pesticides (par substance)** | 0,10 | μg/l |
Pesticides (total) | 0,50 | μg/l |
Plomb | 10 (25 jusqu’au 25 décembre 2013) | μg/l |
* la somme de la concentration en nitrates divisée par 50, et de celle des nitrites divisée par 3, doit rester inférieure à 1.
** à l’exception de 4 substances pour lesquelles la limite est de 0,03 μg/l.
La distribution proprement dite comporte le stockage
après pompage et traitement éventuel, et l’acheminement
de l’eau potable par le réseau public, soit par gravitation
(châteaux d’eau), soit par mise en pression artificielle
du réseau (station de surpression), jusqu’au compteur.
Le réseau privé achemine l’eau du compteur au robinet
du consommateur : c’est le réseau du particulier, de
l’immeuble. De la structure et l’entretien du réseau de
distribution va dépendre son rendement.
Les eaux destinées à la consommation humaine
doivent faire l’objet d’une surveillance régulière. Un
double contrôle est effectué : par le service d’eau
(auto-surveillance) et par l’A.R.S. (contrôle sanitaire
réglementaire).
Enfin, l’information sur la qualité de l’eau au robinet doit être
disponible et permanente, et doit être assurée en cas de crise.
En France, le réseau de distribution de l’eau potable
comprend des conduites, auxquelles il faut ajouter des
milliers de vannes, de ventouses, de systèmes de purge
et de régulateurs de pression pour assurer la bonne
circulation de cette eau courante. La majeure partie des
canalisations d’eau potable a été posée après-guerre.
Les vagues de mise en place des réseaux d’adduction
dans les années 30, 50 et 60 n’ont pas bénéficié de
plans de tracé. En conséquence, la longueur du réseau
en France est incertaine : elle était évaluée à environ
800 000 kilomètres en 1998 (Institut Français de
l’ENvironnement, 2001) et à 920 000 kilomètres en
2010. (Les services publics d’eau et d’assainissement,
2012)
La matière qui compose les canalisations varie
suivant la pression, la nature du sol, le type d’obstacle à
franchir ... Elle est toutefois soumise à une réglementation
(décrets 89-3 et 2001-1220). En effet, certains éléments
tels le plomb peuvent, lors de dégradation du réseau,
augmenter leur teneur dans l’eau du robinet, entraînant
des désagréments pour la santé des populations.
Souvent constituées en béton armé ou en fonte (pour
les principales), ou en plastique (pour les conduites de
petit diamètre), elles sont enterrées à une profondeur
suffisante pour être protégées du gel. Cependant,
ces conduites restent exposées à des dangers divers,
provoquant des détériorations pouvant aller de la fissure
à la rupture.
Les incidents pouvant intervenir sur des canalisations
sont par exemple :
La conception et les dimensions du réseau dépendent
de la topographie du lieu où se situe la communauté à
desservir, et de l’importance de celle-ci. La structure des
réseaux a été rendue extrêmement complexe en raison
de l’extension des villes modernes, ce qui est défavorable
à une gestion facile et optimale de la qualité et de la
protection des ouvrages. Il n’existe pas de réseau type et
chacun possède ses caractéristiques propres. En France, la
longueur de conduite est en moyenne proche de 40 mètres
par abonné. Ce ratio varie fortement selon la population de
la commune et la dispersion des logements. L’écart entre
organisation communale ou intercommunale, sur le critère
longueur de conduite par abonné, est particulièrement
élevé jusqu’à 3 500 habitants, puis il disparaît après
10 000 habitants (la longueur de conduite d’eau par
abonné est un facteur pesant sur le prix de l’eau potable).
(Institut Français de l’ENvironnement, 2001).
Le réseau d’adduction peut être autonome ou
interconnecté à d’autres réseaux. Les interconnexions
entre réseaux permettent de mélanger des eaux de
provenances différentes, et ainsi de livrer à l’usager une
eau de qualité satisfaisante. Elles permettent également
d’assurer une alimentation de secours en cas d’incident
sur le réseau principal.
En Poitou-Charentes, le taux de raccordement
est estimé être assez élevé, entre 95 et 98%. Il est
cependant en légère régression dans des zones rurales,
où l’évolution du coût de l’eau a vu l’utilisation de puits
privés se substituer à l’adduction d’eau.
Les réseaux de distribution sont modélisés en unités
de distribution (UDI) pour faciliter le contrôle qualité.
Une unité de distribution correspond à un réseau géré et
exploité par une même structure et délivrant une eau de
même qualité. Il s’agit de l’unité de compte de base.
La modélisation des UDI est révisée chaque année pour
tenir compte des modifications intervenues dans les
dessertes en eau et la mise en service ou l’abandon
de ressources. En 2012, 411 UDI sont recensées en
région dont 97 en Charente, 138 en Charente-Maritime,
100 en Vienne et 68 en Deux-Sèvres. (Agence Régionale
de Santé Poitou-Charentes, 2014)
Pour prévenir tout désagrément et assurer en
continu la distribution d’une eau de qualité potable, il est
indispensable de surveiller l’état du réseau. Cette gestion
du réseau implique de se préoccuper :
Cependant en France, les réseaux de distribution,
mis en place pour la plupart après-guerre, souffrent de
vétusté, cause d’importantes pertes. Sur les 6 milliards
de mètres cubes puisés dans la ressource en France, seuls
4,5 milliards parviennent au robinet du consommateur et
sont facturés, soit 25% de pertes en moyenne. (Institut
Français de l’ENvironnement, 2001)
L’état du réseau peut être déduit à partir de mesures
relevées par différents capteurs : débitmètres enregistrant
les volumes d’eau qui transitent, manomètres enregistrant
la pression ... Ces informations combinées permettent de
diagnostiquer la présence d’une fuite. L’évaluation du débit
se fait de nuit, sur un réseau qui ne consomme que le « débit
minimum nocturne », c’est-à-dire uniquement des fuites.
Cette recherche est réalisée par des méthodes acoustiques :
des capteurs mesurent le bruit produit par les fuites.
L’intérêt est de mettre en place un dispositif
permanent d’où la télésurveillance et les modèles qui
renvoient les informations collectées sur une durée de
plusieurs années.
Le rendement (primaire) du réseau correspond au
rapport entre deux volumes : le volume livré (comptabilisé
au niveau des compteurs des particuliers) sur le volume
mis en distribution. Il est de 76% en moyenne en France
(métropole). Il varie fortement en fonction de la longueur
du réseau : le rendement moyen dans les services ruraux
est plus faible (75%) que celui constaté dans les services
urbains (79%). (Office National de l’Eau et des Milieux
Aquatiques, 2012)
L’estimation de ce rendement permet d’apprécier la
qualité du réseau, son bon fonctionnement, et l’efficacité
de la distribution.
Le volume des pertes d’eau dans les réseaux publics
de distribution d’eau potable est estimé, en moyenne à
25% ces pertes pouvant atteindre 40% par endroit. On
considère qu’un réseau bien entretenu peut atteindre un
taux de fuite proche des 15%. (Ministère de l’Écologie,
2013b)
Souvent, une sous-estimation des pertes est admise,
mais cet écart provient aussi des quantités consommées
sans comptage et non facturées, comme celles utilisées
pour la lutte contre les incendies, les eaux de lavage du
domaine public …
Les causes des fuites de ces réseaux sont variables :
corrosion des tuyaux, usure des joints entre les canalisations,
tassements et vibrations subis par les terrains …
En moyenne, la gestion privée obtient de meilleurs
rendements que la gestion publique, ce qui s’explique en
partie par une plus forte présence de la gestion privée
dans les grandes villes. L’intercommunalité améliore
généralement le rendement pour les communes de 400 à
10 000 habitants.
Cependant, si un réseau rural alimentant peu
d’abonnés peut se satisfaire d’un rendement de 55%,
un indice de 80% pour un réseau urbain desservant une
population dense peut être considéré comme mauvais.
C’est pourquoi l’indice linéaire de perte est un
indicateur plus pertinent : il traduit le volume des pertes
en fonction de la longueur de la canalisation, c’est à dire
l’écart constaté entre le volume distribué et le volume
facturé rapporté à la longueur du réseau. En ville, un
indice de 300 à 500 l/h/km est considéré comme correct.
En zone pavillonnaire, il doit être de 100 à 300 l/h/km, et
en zone rurale de 50 à 100 l/h/km (en effet, les distances
à parcourir sont plus grandes).
La gravité des fuites ne dépend pas seulement du
débit, mais aussi de leur durée. Une fuite d’une journée
peut être moins gênante qu’une perte régulière.
Le décret du 27 janvier 2012 indique le contenu d’un
descriptif détaillé des réseaux des services publics de
l’eau et de l’assainissement et d’un plan d’actions pour la
réduction des pertes d’eau du réseau de distribution d’eau
potable. Ce descriptif devait être établi en vertu de la loi,
avant le 31 décembre 2013. Le plan d’actions doit inclure
un suivi annuel du rendement des réseaux de distribution.
La sécurité de l’approvisionnement en eau de la
population porte sur les aspects de quantité comme de
qualité.
L’interconnexion est une l’une de ces options des options
de secours pour faire face aux problèmes potentiels
d’adduction d’eau. En effet, un réseau isolé est tout à fait
dépourvu en cas de difficulté.
La protection des captages vis-à-vis des pollutions
accidentelles, la capacité des réservoirs, l’exploitation de
différentes ressources, l’existence de plusieurs captages
concourent aussi à sécuriser l’approvisionnement en eau.
En termes de qualité à préserver, les systèmes
de distribution sont à surveiller soigneusement : ils
vieillissent rapidement, et peuvent générer des nuisances
telles que la prolifération des micro-organismes dans le
réseau, ou l’altération du produit « eau potable ».
En effet, la dégradation de la qualité de l’eau au cours de
son transport dans les canalisations est fonction :
L’eau circulant dans les réseaux de distribution
doit être exempte d’organismes pathogènes. Cependant,
même en l’absence d’organismes pathogènes, la
reviviscence bactérienne dans le réseau pose problème.
En effet, elle constitue une ressource alimentaire pour des
organismes supérieurs qui peuvent alors proliférer dans
les canalisations. Ces organismes sont très résistants aux
agents de désinfection et leurs éradications locales sont
complexes, longues et coûteuses.
La qualité de l’eau peut également être détériorée
par la corrosion des installations de traitement et de
distribution, augmentant la concentration de certains
éléments tels le cadmium, le plomb, le cuivre, le fer, le zinc,
la plus problématique étant la dissolution du plomb des
canalisations. La solubilité du plomb peut être abaissée
en agissant sur les caractéristiques de l’eau. En corrigeant
le pH et l’alcalinité de l’eau, le traitement vise à éviter la
corrosion par une eau “agressive”, c’est-à-dire trop douce
et insuffisamment calcaire.
La commune, depuis la Révolution Française,
a la responsabilité d’assurer la salubrité publique à
ses habitants. Dans ce cadre, elle est responsable de
l’alimentation en eau potable. Elle peut choisir de se
regrouper ou non, et de gérer ce service en régie, ou le
déléguer. Ces différents modes de gestion existent en
Poitou-Charentes. Ils présentent chacun leurs avantages
et inconvénients.
En région, 88% des communes se sont regroupées en
structures intercommunales afin d’optimiser la gestion
des ressources en eau, des outils de production et des
compétences techniques. Particulièrement active en
France, l’intercommunalité se présente sous diverses
formes : les Syndicats Intercommunaux à Vocation Unique
(SIVU) pour plus de 60% des communes en regroupement,
puis viennent les Syndicats Intercommunaux à Vocation
Multiple (SIVOM), les Districts, les Communautés de
communes, les Communautés d’Agglomération … Ces
diverses formes sont regroupées sous l’appellation plus
générale d’E.P.C.I. (Etablissements Publics de Coopération
Intercommunale). (Agence Régionale de Santé Poitou-
Charentes, 2014)
Cependant, les territoires de compétence des
regroupements de communes correspondent rarement à
une logique hydrologique, ce qui entraîne des problèmes
de cohérence lorsqu’il s’agit d’initier des démarches de
gestion de la ressource en eau à l’échelle des bassins
versants.
Avec la réforme des collectivités territoriales engagée
en 2008 et présentée dans la loi n°2010-1563 du 16
décembre 2010, une refonte de l’intercommunalité avec
une possible réorganisation des services publics de l’eau
et de l’assainissement est envisagée dans un futur proche.
Cette loi renforce le rôle des Commissions Départementales
de coopération intercommunale (CDCI) qui deviennent
force de proposition sur la carte intercommunale de leur
département, en arrêtant des périmètres « pertinents » et
pouvant même remettre en cause l’organisation actuelle
des syndicats intercommunaux.
Dans le département de la Vienne, le syndicat des eaux en place, le SIVEER, prépare depuis 2011 la réforme territoriale pour permettre aux autres syndicats d’eau et
d’assainissement de la Vienne de le rejoindre en vue de
constituer un syndicat départemental. Face aux enjeux
de la réforme des collectivités, il souhaite repenser son
organisation de manière à renforcer le rôle des élus
dans les territoires tout en optimisant les moyens par
voie de mutualisation (gouvernance territorialisée) et
mène également une réflexion autour de l’avenir de sa
gouvernance. Des syndicats départementaux de l’eau
s’organisent également dans les autres départements de
la région.
À l’heure actuelle, la population picto-charentaise
est entièrement alimentée par un réseau public de
distribution pour l’eau potable. En région, deux modes de
gestion peuvent être différenciés :
La qualité de l’eau potable est encadrée par la
Directive 98/83 du 3 novembre 1998 et le décret 2001-
1220, qui fixe les limites et références de qualité pour l’eau
potable. Le contrôle de la qualité de l’eau potable, effectué
sur l’ensemble du système de distribution, s’accompagne
de prélèvements d’échantillons d’eau, analysés par des
laboratoires agréés par le Ministère de la Santé, les
distributeurs d’eau effectuant aussi leur propre autosurveillance.
Les échantillons sont prélevés à la fois sur la
ressource en eau brute, l’eau en cours de traitement et l’eau
distribuée.
Les informations suivantes sont extraites de la plaquette
« La qualité des eaux destinées à la consommation humaine,
en Poitou-Charentes, en 2012 », produite en 2013 par l’Agence
Régionale de Santé Poitou-Charentes.
La contamination bactériologique des eaux
distribuées peut être liée à différents facteurs tels que
l’absence ou la défaillance des systèmes de traitement
avant distribution, ou bien la recontamination de l’eau
dans les conduites ou les réservoirs.
La qualité bactériologique des eaux distribuées
est estimée à partir du ratio R. Il correspond au nombre
d’analyses bactériologiques non-conformes par rapport
au nombre d’analyses bactériologiques effectuées.
Quand R est inférieur ou égal à 10, la qualité de l’eau est
satisfaisante, sinon, l’eau présente des contaminations
bactériologiques.
La qualité bactériologique s’est améliorée de façon
importante en Poitou-Charentes depuis 1986. En 2012,
toutes les eaux distribuées dans la région bénéficient
d’un traitement de désinfection avant distribution : près
de 94 % de la population dispose d’une eau de bonne
qualité bactériologique. La contamination bactériologique
des eaux a touché 0,1% de la population soit près de
2470 habitants.
Les épisodes de non-conformités sont généralement
liés à un défaut de surveillance. La situation s’améliore
globalement chaque année.
Année | Qualité de l’eau satisfaisante | Contamination bactériologique | ||
---|---|---|---|---|
R = 0 | 0 < R <= 10 | 10 < R <= 30 | R > 30 | |
1986 | 52,20% | 31,80% | 14,60% | 1,40% |
1998 | 65,00% | 32,20% | 2,70% | 0,10% |
2000 | 72,00% | 25,50% | 2,50% | 0% |
2001 | 76,10% | 21,20% | 2,70% | 0% |
2003 | 89,30% | 9,70% | 1,00% | 0% |
2005 | 87,80% | 12,00% | 0,20* % | > |
2007 | 91,80% | 8,10% | 0,10* % | > |
2010 | 95,00% | 4,80% | 0,30* % | > |
2012 | 93,80% | 6,10% | 0,10* % | > |
* 10 < R<=33
Source : DRASS-DDASS Poitou-Charentes - ARS Poitou-Charentes
D’une année sur l’autre, il subsiste cependant de
légères disparités régionales au niveau de la qualité
bactériologique des eaux distribuées :
Les pesticides peuvent engendrer certains risques
sanitaires pour les personnes qui y sont exposées parmi
lesquels des intoxications aiguës des utilisateurs. À long
terme, les risques sont plus difficilement appréciables.
Certaines études récentes ont indiqué l’existence de liens
avec des effets retardés sur la santé principalement dans
le champ des cancers, des effets neurologiques et des
troubles de la reproduction.
La présence de pesticides dans les eaux d’alimentation
n’est pas négligeable bien que les apports en pesticides
liés à l’eau ne représentent qu’une faible part des apports
totaux par ingestion. (Agence Régionale de Santé Poitou-
Charentes, 2014)
Pour évaluer le risque sanitaire, trois cas sont
distingués pour la gestion des non-conformités :
Depuis 2011, les modalités de gestion des non conformités
sont modifiées et découlent désormais d’une
instruction ministérielle en date du 9 décembre 2010.
En 2012, 1,5 % de la population était concernée par la
présence de pesticides dans l’eau. Ce pourcentage était de
24 % en 2001, de 12 % en 2005, de 11,5 % en 2007, de
9 % en 2008, de 5 % en 2009 et de 1,8 % en 2010. Cette
amélioration est liée à la mise en service de traitement, de
mélanges d’eau ou de nouveaux captages de bonne qualité.
Les dépassements apparus en 2012 sont
principalement liés à des défauts dans la maintenance des
installations de traitement par charbon actif.
En Charente, les dépassements de limites observés
concernent des sous-produits des triazines, famille de
produits interdits depuis plusieurs années en Vienne,
ils ont concerné la déséthylatrazine, l’acétochlore et le
métolachlore, le métaldéhyde et le triclopyr.
Les nitrates sont susceptibles de se transformer en
nitrites qui tendent à réduire les capacités d’oxygénation
des tissus et ainsi provoquer un mauvais transfert de
l’oxygène vers les cellules. Des troubles plus ou moins
graves peuvent alors apparaître ceux-ci touchent plus
particulièrement les nourrissons et les femmes enceintes.
Des études ont été menées pour évaluer les effets
cancérigènes des nitrates mais n’ont pas permis de tirer
de conclusions définitives. Par précaution, le maintien
aussi faible que possible du niveau d’exposition est
recommandé. Aucun cas n’a été recensé en France.
La situation de la qualité de l’eau distribuée vis-à-vis
des nitrates est jugée préoccupante en Poitou-Charentes.
En effet, même si une stabilisation est observée sur les
eaux distribuées, les concentrations en nitrates dans les
eaux brutes sont excessives par rapport aux normes et
à la moyenne française. Si la situation avait tendance à
se dégrader de façon continue des années 70 à 2000,
elle semble se stabiliser, compte tendu de l’abandon des
captages les plus polluées.
La réglementation française limite à 50 mg/l la teneur
maximale en nitrates de l’eau destinée à la consommation
humaine. Cette norme est fonction des risques courus par
la population la plus vulnérable, les nourrissons et les
femmes enceintes et respecte le principe de « précaution
maximum ».
D’un point de vue normatif, une eau dont la teneur en nitrates
dépasse 50 mg/l n’est pas considérée comme potable.
D’un point de vue sanitaire, la consommation d’une eau
présentant une concentration de nitrates supérieure
à la norme de 50 mg/l mais inférieure à 100 mg/l est
considérée comme temporairement acceptable, sauf pour
les nourrissons et les femmes enceintes ou allaitantes.
Au-delà de 100 mg/l, l’eau ne doit pas être bue ni utilisée
dans la préparation des aliments.
Il faut bien différencier la teneur maximale de 50
mg/l de la teneur moyenne annuelle qui correspond à la
moyenne annuelle des concentrations en nitrates d’un
secteur.
Depuis 2007, la situation s’est améliorée,
puisqu’aucun habitant n’a reçu une eau dont la teneur
en nitrates dépassait 50 mg/l en moyenne annuelle.
La population ayant reçu une eau dont la concentration
maximale peut dépasser 50 mg/l, semblait en baisse en
2010 avec 0,6% de la population soit 11 158 habitants,
mais cette proportion est passée à 2,1 % de la population,
soit 36 909 habitants en 2012.
Même si la situation s’est améliorée depuis 2001,
les valeurs maximales observées imposent une vigilance
constante dans le suivi des ressources et dans la gestion
des dispositifs de correction adoptés pour respecter les
exigences de qualité.
Pour les teneurs moyennes distribuées, près de 141 600
habitants ont été desservis la plupart de l’année, voire en
permanence, par une eau dépassant les 40 mg/l ce nombre a
été divisé par deux en 2010 (58 135 habitants). En 2012, ce
chiffre baisse et s’élève à 49 064 habitants.
La turbidité est un des paramètres indicateurs de
la contamination microbiologique de la ressource et peut
témoigner de dysfonctionnement dans les installations de
traitement et de distribution. Le risque principal pour la
santé est lié à la présence de micro-organismes (bactéries,
virus …) qui se fixent sur les matières en suspension et
sont alors protégés de l’action du désinfectant.
Elle s’exprime en NFU qui traduit le trouble de l’eau dû aux
matières en suspension. La référence de qualité pour l’eau
du robinet ne doit pas dépasser 2 NFU.
En Poitou-Charentes, il arrive que des dépassements
se produisent (surtout au niveau du captage des eaux
brutes) suite à de fortes pluies entraînant de nombreuses
particules.
En 2010, 0,5 % de la population de la région (soit 9184
habitants) a été desservie par une eau plus turbide que
l’exige les normes règlementaires.
En 2012, seuls 30 habitants de Charente-Maritime ont été
desservis par une eau dont la turbidité est supérieure à
2 NFU.
D’une manière générale, la situation s’est améliorée depuis
2001 grâce à la mise en place de traitements sur de
grosses unités de distribution.
À titre d’exemple, dans la Vienne, citons le cas des réseaux
de Mauprévoir, Pressac et de quelques hameaux de Saint-
Martin-l’Ars (Les Cours, Destilles, La Petite et La Grande
Tangue, Les Fays) qui voient la turbidité de leur eau
augmenter, de façon récurrente, lors d’épisodes pluvieux
importants. Ce fut notamment le cas en 2013 (mi-avril et
fin juin) où un dépassement de la norme de 2 NFU a été
observé. La construction d’une usine de traitement d’eau
a débuté en 2013 et devrait s’achever en juin 2014 pour
remédier à ces dépassements de norme de turbidité sur le
secteur du syndicat d’eau de Destilles.
Si l’eau du robinet est trouble, il est conseillé à la
population de la faire bouillir au moins trois minutes ou de
boire de l’eau en bouteilles. Des bouteilles sont par ailleurs
distribuées aux abonnés dans l’attente d’un retour à une
situation normale.
La dureté de l’eau, les teneurs en fluor, plomb,
radioactivité et aluminium sont également susceptibles
d’avoir des effets néfastes sur la santé lorsqu’ils sont
consommés dans des proportions trop importantes.
La dureté de l’eau
La dureté d’une eau correspond à la teneur en sels
de calcium et de magnésium qu’elle contient. Elle est
exprimée en degré français (°F). Pour qu’une eau soit
conforme, la dureté doit être comprise entre 15 et 25°F.
Les eaux douces sont susceptibles de provoquer des
inconvénients sur la santé puisqu’elles permettent la
solubilisation de certains éléments comme le plomb, le
cuivre ou le fer par exemple. Les eaux dures engendrent
quant à elles des inconvénients d’un point de vue matériel
(entartrage des canalisations, des appareils …).
En 2012, 7% de la population régionale était alimentée
par de l’eau douce dont la dureté est inférieure à 15°F alors
que 40% de la population recevait une eau dure (dureté est
supérieure à 30°F).
Le fluor
Le fluor est présent de manière naturelle dans
certaines nappes de la région. En lien avec la santé, le
fluor se fixe sur les dents et les os : lorsqu’il est absorbé
en excès, il peut entraîner des fluoroses dentaires et
osseuses. La limite de qualité est fixée à 1,5 mg/l.
Pour la dernière année d’observation, 2012, 94 % des
habitants ont reçu une eau contenant moins de 0,6 mg/l
de fluor et aucun dépassement de limite de qualité n’a été
observé.
Le plomb
La limite de qualité du plomb dans l’eau potable est
de 25 μg/l et sera de 10 μg/l à partir de 2014. Sa présence
épisodique a été relevée sur certains réseaux publics à de
faibles teneurs.
Par effet cumulatif, le plomb peut engendrer des problèmes
de santé sur le système nerveux central et périphérique,
pulmonaire …
Des messages d’information sont dispensés aux populations
concernées par des réseaux privés en plomb afin qu’elles
soutirent quelques litres d’eau préalablement au remplissage
du pichet qui contiendra l’eau de boisson.
En 2010 un recensement des branchements en plomb
a été demandé aux exploitants. Lorsque la concentration
en plomb était supérieure à 25 μg/l, le branchement a
été remplacé (Agence Régionale de Santé Poitou-
Charentes, 2012).
Fin 2010, le recensement des branchements en
plomb indiquait qu’il restait 6% à renouveler sur la totalité
de la région, puis fin 2012, près de 4 % de branchements
en plomb restent à remplacer.
En 2010 et 2012, la présence du plomb a été relevée
de manière ponctuelle sur certains réseaux à de faibles
teneurs.
La radioactivité
La qualité radiologique des eaux destinées à la
consommation humaine est également estimée par la
détermination de 4 indicateurs :
En 2012, moins de 1 % de la population est concernée
par des dépassements de la référence de qualité liée à la
DTI.
En 2010, en région, 3 UDI de Charente-Maritime ont été
concernées par des dépassements de la référence de
qualité portant sur la DTI. Des analyses ont montré que
ces dépassements sont liés à des éléments naturels
présents dans le sol.
En Vienne, mis à part des radioéléments naturels
présents à une très faible concentration dans les
eaux de la Vienne, les eaux prélevées sur 2 communes
(Châtellerault et Vaux sur Vienne) sont influencées par
les rejets de la centrale de Civaux. Cependant, les rejets
de la centrale sont soumis à une réglementation stricte
et la surveillance de la radioactivité mesurée en sortie
de l’usine de traitement à Châtellerault, a indiqué en
2010 une concentration moyenne en tritium d’environ 40
Becquerels par litre soit une DTI inférieure à 1μSv/an soit
100 fois moins que la valeur de référence pour les eaux
potables. Il en va de même en 2012.
L’aluminium
En moyenne, l’organisme d’un sujet sain contient de
30 à 50 mg d’aluminium (Agency for Toxic Substances and
Disease Registry, 1999). Notre exposition à l’aluminium
est à 95% d’origine alimentaire. L’eau ne représente
que moins de 10 % de cet apport. Des études tendent
à montrer une éventuelle augmentation du risque
d’Alzheimer lors de la consommation d’une eau trop riche
en aluminium. Dans leur rapport de novembre 2003, les
autorités sanitaires n’ont cependant pas retenu de lien
causal entre l’exposition à l’aluminium par voie digestive
et la maladie d’Alzheimer. (Centre d’Information sur l’Eau,
2013e)
Pour le traitement de l’eau potable, des sels
d’aluminium peuvent être utilisés. Pour cet élément, la
réglementation n’impose pas de limite de qualité mais
indique une référence de qualité de 200 μg/l.
En région, 13 sites de production utilisant des
sels d’aluminium sont recensés. Ils sont contrôlés de
manière régulière par l’ARS pour vérifier les dépassements
ponctuels pouvant être liés à des problèmes d’exploitation.
Les teneurs moyennes en eau distribuée sont inférieures
à 200 μg/l pour l’ensemble de la population picto-charentaise.
1,2 % de la population peut ponctuellement
recevoir entre 200 et 500 μg/l d’aluminium.
À VOIR SUR LE SITE DE L’EAU EN POITOU-CHARENTES …
RPDE, Réseau Partenarial des Données sur l’Eau : www.eau-poitou-charentes.org, rubriques :
Connaître l’eau et ses usages en région > Sa qualité > À l’état naturel
Connaître l’eau et ses usages en région > Sa qualité > Pour la baignade
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