Les « ZOOM SUR » contiennent des informations extraites de « l’ENVIRONNEMENT en Poitou-Charentes », production élaborée au sein du Réseau Partenarial des Données sur l’Eau (RPDE).
Des prélèvements sont effectués dans les eaux de surface et les eaux souterraines pour satisfaire les usages domestiques, les besoins des activités industrielles, agricoles et de production d’énergie.
En 2009, 33,4 milliards de m3 d’eau ont ainsi été prélevés en France. Les producteurs d’eau potable ont utilisé 5,5 milliards de m3 soit près de 17 % du total prélevé. L’industrie et l’irrigation occasionnent des prélèvements comparables, autour de 3 milliards de m3. Le secteur de l’énergie prélève quant à lui 21,8 milliards de m3.
Les différents usages de l’eau | Eaux de surface | Eaux souterraines | TOTAL | ||
---|---|---|---|---|---|
Alimentation en eau potable | 2 | 36.4% | 3.5 | 63.6% | 5.5 |
Usage industriel | 1.7 | 56.7% | 1.3 | 43.3% | 3 |
Usage agricole | 2 | 64.5% | 1.2 | 38.7% | 3.1 |
Production d’énergie | 21.8 | 100% | 0 | 0% | 21.8 |
Tous usages | 27.4 | 82% | 6 | 18% | 33.4 |
6Sources des données et des cartes ci-dessous : Agences de l’Eau,
EDF, SOeS.6
Note :
— > Les eaux de surface (ou superficielles) sont des eaux qui coulent (fleuves, rivières) ou qui stagnent (lacs, étangs, mares, terres humides, canaux artificiels,…) à la surface du sol.
— > Les eaux souterraines sont des masses d’eau de pluie infiltrée dans le sous-sol et contenue dans une roche poreuse ou fissurée, appelées nappes (nappes souterraines ou nappes aquifères).
Ces prélèvements se font en majorité dans les eaux de surface (82 %), sauf pour l’eau potable pour laquelle le recours aux eaux souterraines est fréquent, étant généralement de meilleure qualité.
Ces 10 dernières années, la tendance des prélèvements pour ces quatre usages est à la baisse. Cette évolution reste toutefois très dépendante des conditions climatiques et des pratiques de production, notamment agricoles.
Il est important de distinguer le prélèvement (quantité soustraite au milieu à un instant donné) et la consommation (différence entre la quantité prélevée et la quantité restituée dans le milieu ou encore les volumes qui, après usage, ne sont pas restitués au cycle de l’eau continental). La consommation traduit véritablement la pression exercée sur le milieu.
Elle est variable selon les usages.
En effet, le secteur agricole par exemple consomme beaucoup d’eau car la restitution au milieu naturel de l’eau prélevée par ce secteur est très faible et différée dans le temps (la majeure partie de l’eau étant évaporée, retenue par les plantes, ou en transfert dans le sol vers les nappes). Seulement 20 à 30 % est restitué au cycle de l’eau continental.
A l’inverse, le secteur énergétique consomme peu d’eau. Il en prélève beaucoup au milieu naturel, mais presque toute cette eau (≈ 90 %) est restituée aux rivières, aux fleuves…
L’impact de l’approvisionnement en eau potable doit également être souligné puisqu’on estime que 74 % environ des volumes prélevés sont restitués au milieu.
Enfin, on considère qu’environ 93% des volumes prélevés par le secteur industriel sont restitués à la ressource.
Les prélèvement d’eau ne sont toutefois pas répartis uniformément sur le territoire. Les régions les plus peuplées prélèvent logiquement les volumes les plus importants pour l’eau potable (Ile-de-France, Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur).
Les prélèvements pour l’industrie sont plus importants dans les régions également les plus industrialisés (les régions du Nord, de l’Est, de la vallée du Rhône et du Sud-Ouest). Les volumes prélevés pour l’irrigation sont fonction de l’importance des activités agricoles, de la nature des cultures, du climat et du mode d’irrigation (Sud de la France, Centre, Poitou-Charentes). Enfin, les prélèvements liés à la production
d’énergie suivent la répartition des centrales, notamment nucléaires (Rhône-Alpes, Aquitaine).
En Poitou-Charentes, la tendance des prélèvements est également à la baisse ; mais des problèmes persistent en période estivale. La coïncidence des étiages (périodes de plus basses eaux des rivières et des nappes) avec l’accroissement des besoins en eau (irrigation agricole et usages domestiques en particulier) suscite des déséquilibres structurels (déficit chronique de la quantité d’eau).
La structure des prélèvements en Poitou-Charentes est bien différente de celle de la moyenne française.
Contrairement à l’ensemble de la France :
— > ce sont les prélèvements agricoles et ceux destinés à la consommation d’eau courante qui prédominent ;
— > les volumes d’eau prélevées pour l’agriculture le sont principalement dans les eaux souterraines. L’irrigation y satisfait près de 70 % de ses besoins (environ 39 % pour la France) ;
— > l’ensemble des prélèvements est majoritairement fait en eau de surface, mais en moindre quantité (52,5 % contre 82 % pour la France), et depuis peu (2007).
Les différents usages de l’eau | Eaux de surface | Eaux souterraines | TOTAL | ||
---|---|---|---|---|---|
Alimentation en eau potable | 70,7 | 46,3% | 82,1 | 53,7% | 152,7 |
Usage industriel | 9 | 59,2% | 6,2 | 40,8% | 15,2 |
Usage agricole | 61,5 | 31,3% | 135,3 | 68.7% | 196,8 |
Production d’énergie | 106,2 | 100% | 0 | 0% | 106,2 |
Tous usages | 247,4 | 52,5% | 223,6 | 47,5% | 470,9 |
6Sources des données : Agences de l’Eau Loire-Bretagne et Adour-Garonne, EDF, SOeS.6
Les volumes totaux prélevés en région se sont stabilisés sous la barre des 500 millions de m3 depuis 2005.
L’objectif de gestion équilibrée de la ressource est visé par la loi sur l’eau inscrite dans le Code de l’Environnement et par la Directive Cadre sur l’Eau (D.C.E.).
Une gestion équilibrée de la ressource en eau se caractérise par l’atteinte de l’équilibre entre les prélèvements par l’homme et les besoins liés à l’alimentation des eaux de surface et la recharge naturelle des eaux souterraines.
Plus spécifiquement, la DCE parle de bon état quantitatif des eaux souterraines, et stipule qu’il est atteint lorsque les prélèvements ne dépassent pas la capacité de renouvellement des nappes souterraines, compte tenu de la nécessaire alimentation en eau des écosystèmes aquatiques de surface et des zones humides directement dépendantes.
Plus concrètement, une ressource en eau fait l’objet d’une gestion quantitative équilibrée lorsque les volumes prélevés permettent de respecter les Débits d’Objectifs d’Etiage (DOE), c’est-à-dire de satisfaire l’ensemble des usages ainsi que le fonctionnement des milieux aquatiques 8 années sur 10 en moyenne.
Les ressources en eau de la région, superficielles ou souterraines sont relativement abondantes ; mais un contexte particulier entraîne cependant des situations récurrentes de tension sur la ressource :
En résumé
En Poitou-Charentes, la ressource en eau est fortement sollicitée pour différents usages (l’irrigation agricole en particulier), sur une période restreinte (au printemps et en été), au moment où elle est déjà naturellement à son niveau le plus bas. Il s’avère que ces sollicitations excèdent, dans de nombreux secteurs, ce que le milieu peut fournir. Ce phénomène est accentué si la pluviométrie antérieure est déficitaire. On assiste à une baisse importante du niveau de certaines nappes
et un tarissement des cours d’eau en période d’étiage.
Aujourd’hui, la gestion des prélèvements ne garantie pas encore le respect de la faune et de la flore aquatique et est souvent à l’origine de conflits d’usage de l’eau. L’objectif de gestion équilibrée n’est pas atteint.
Une grande partie du territoire régional a d’ailleurs été classé en Zones de Répartition des Eaux, zones caractérisées par une insuffisance chronique des ressources en eau par rapport aux besoins.
Des dispositifs réglementaires sont mis en place dans le cas de gestion de crise liée à l’eau.
Les bassins versants pour lesquels des déficits de la ressource en eau, autres qu’exceptionnels, ont été constatés près d’une année sur deux, ont tout d’abord été délimités en Zone de répartition des Eaux (ZRE) par décrets (1994 et 2003).
Désormais, ces ZRE sont fixées par les préfets coordonnateurs de bassin.
Un classement en (ZRE) vise à mieux restaurer l’équilibre entre la ressource et les prélèvements. Il permet d’avoir une connaissance plus précise et un meilleur contrôle de ces derniers. Une ZRE se caractérise en effet par l’application de règles plus contraignantes les concernant (limitation de nouvelles autorisations, abaissement des seuils de prélèvements...).
Dans ces bassins en « déficit quantitatif », ce sont les Commissions Locales de l’Eau (CLE) qui déterminent le volume prélevable pour tous les usages confondus, volume global qui doit respecter les critères de gestion équilibrée. Sur les bassins munis de SAGE approuvé, les CLE répartissent les volumes prélevables entre les usages.
Enfin, pour traiter les bassins où le déficit est particulièrement lié à l’agriculture, où l’impact des prélèvement agricoles à l’étiage est prépondérant, la gestion collective des prélèvements doit être faite par un Organisme Unique qui gère la répartition des volumes d’eau d’irrigation.
La quasi-totalité du territoire est classé en Zone de Répartition des Eaux.
Le classement d’une grande partie du territoire régional (bassins versants du Clain, du Thouet, de la Sèvre Niortaise, de la Charente, de la Seudre et des cours d’eaux côtiers de l’estuaire de la Gironde, de l’Isle et de la Dronne) en « Zone de Répartition » témoigne des difficultés récurrentes rencontrées en Poitou-Charentes.
Ces zones correspondent en effet à des bassins, sous-bassins ou fractions de sous-bassin hydrographique ou du système aquifère, dans lesquels l’importance de la sollicitation quantitative de la ressource entraîne un déséquilibre entre ressources et besoins en eau et, par suite, des conflits d’usage engageant une collectivité d’intérêts et rendant nécessaires des mesures permanentes de répartition des prélèvements.
Malgré leur classement en ZRE depuis 2003, certains de ces bassins connaissent encore des déficits chroniques. La gestion de crise (application des arrêtés préfectoraux dit « sécheresse ») est déclenchée pratiquement tous les ans, même en situation météorologique favorable. Une diminution progressive des volumes prélevables est donc attendue d’ici janvier 2015 avec pour l’année 2013 la mise en place des Organismes Uniques pour la gestion collective des prélèvements d’eau pour l’irrigation.
Organismes ressources
Réseau Partenarial des Données sur l’Eau (RPDE)
Eaufrance
Agences de l’eau
Repères bibliographiques
Commissariat général au développement durable