4.1. L’entretien et la gestion des cours d’eau …
64.1.1. ..pour restaurer la continuité écologique6
64.1.2. … et atteindre le bon état écologique des cours d’eau en 20156
4.2. Quelques exemples de travaux en rivière
64.2.1. L’hydromorphologie des cours d’eau6
64.2.2. Des exemples de travaux ou d’aménagement des cours d’eau6
Au cours du temps, l’Homme a voulu maîtriser
les cours d’eau en vue de développer pleinement ses
activités mais cette artificialisation des milieux a induit
des perturbations profondes au sein des habitats, des
conditions de reproduction et de circulation des espèces.
L’impact majeur des aménagements est la
modification des propriétés physiques des cours d’eau,
associée à des changements de régimes hydrologiques.
Dès lors que des travaux sont entrepris sur les cours
d’eau, ils ne sont généralement pas sans conséquences
sur les débits.
Restaurer la qualité physique et fonctionnelle des cours
d’eau est alors important afin d’améliorer le régime
hydrologique et vise notamment le respect des débits
minimaux en étiage. Les ouvrages sur les cours d’eau
peuvent engendrer de réels impacts sur la morphologie et
la dynamique des milieux qui lui sont associés.
Différentes solutions sont proposées dans les SDAGE
telles que le suivi et l’évaluation de débits minima en
aval des ouvrages, et l’harmonisation de ces débits par
tronçon homogène de cours d’eau. Ces valeurs de débits
sont fixées de manière à respecter l’état des milieux
aquatiques tout en tenant compte des besoins liés aux
différents usages de l’eau.
Une analyse de l’incidence des aménagements de cours
d’eau et des activités anthropiques est demandée
par les SDAGE en vue de repenser l’aménagement des
modalités de gestion des ressources en eau et d’adapter
la réglementation des ouvrages à la réalité des cours d’eau
et des milieux aquatiques associés.
Ce retour à une continuité écologique des cours d’eau
est partagé par de nombreux textes réglementaires : Directive
Cadre sur l’Eau, Loi sur l’eau de 2006, Plan National
de Gestion pour l’Anguille, Loi Grenelle avec la mise en
oeuvre de la Trame Verte et Bleue … Il est essentiel pour
sauvegarder et préserver les milieux aquatiques ainsi que
les espèces qui y sont liées aussi bien floristiques que
faunistiques notamment les poissons grands migrateurs
qui sont en déclin depuis plusieurs années.
En France, plus de 60 000 ouvrages sont recensés
sur les cours d’eau, pouvant, être potentiellement des
obstacles à cette continuité. L’enjeu aujourd’hui est de la
restaurer en vue d’un retour au bon état écologique des
eaux visé pour 2015. (ONEMA, 2010)
Afin de mieux évaluer l’utilité de chaque ouvrage
en France, l’ONEMA effectue depuis 2010 une vaste
campagne d’inventaire des ouvrages sur les cours d’eau :
le Référentiel des Obstacles à l’Ecoulement (ROE). Plus de
la moitié ne semble pas avoir d’utilité avérée. (ONEMA,
2010)
En région, d’une manière générale, cet inventaire a
montré la présence d’une multitude de seuils en rivière.
Il s’agit d’un ouvrage, fixe ou mobile, qui barre tout ou
une partie du lit mineur et qui engendre de ce fait une
surélévation de la ligne d’eau en amont du seuil. En Deux-
Sèvres, de nombreux ponts sont recensés.
Les obstacles présents sur les cours d’eau induisent
des perturbations plus ou moins importantes en fonction
du type d’obstacle, de leur hauteur, de l’entretien qui est
fait, de sa date de mise en place …
Leur succession sur un même cours d’eau peut aggraver les
perturbations et les impacts sur la continuité écologique.
Ces impacts peuvent être variés :
La dégradation des cours d’eau depuis des décennies
engendre une réglementation plus stricte : en 2009, l’État
a notamment lancé un Plan National de Restauration des
Cours d’Eau visant à :
L’atteinte du bon état écologique des cours d’eau est
fixé pour 2015. Ce bon état, qui tient compte à la fois
de paramètres physico-chimiques et biologiques, risque
de ne pas être atteint sur de nombreux secteurs si la
dégradation des conditions hydromorphologiques des
cours d’eau n’est pas enrayée. Celles-ci sont directement
liées à la qualité des habitats des espèces aquatiques
inféodées et sont essentielles pour la reproduction de
nombreuses espèces piscicoles.
Les habitats étant dépendant à la fois de l’hydrologie,
des conditions physico-chimiques et des conditions
morphologiques des cours d’eau, l’amélioration et la
restauration de la continuité écologique est primordiale
au retour d’un bon fonctionnement écologique du cours
d’eau contribuant de ce fait à l’atteinte du bon état des
eaux fixée par la D.C.E..
La morphologie d’un cours d’eau ou hydromorphologie
est définie selon plusieurs critères : la largeur du lit
(espace occupé, en permanence ou temporairement, par le
cours d’eau), sa profondeur, sa pente, la nature des berges
et leur pente, les caractéristiques du substrat, la forme
des méandres (sinuosité très prononcée du cours d’un
fleuve ou rivière) ...
Elle est liée étroitement à l’hydrologie (état quantitatif et
dynamique des débits, connexion aux eaux souterraines)
puisque chaque rivière se façonne et creuse son lit de
manière à pouvoir transporter le débit et les sédiments
qu’elle reçoit de l’amont (continuité) et permettre la
migration des organismes aquatiques.
Son rôle est essentiel par rapport à la qualité biologique
d’un cours d’eau et ainsi à l’atteinte du bon état écologique.
Un cours d’eau est un système qui recueille et
transporte vers l’aval les eaux des pluies et des sources
d’un même bassin versant, sous l’effet de la gravité. Sa
pente et son débit en font un système énergétique sa
morphologie est fonction de plusieurs paramètres comme
le climat, la géologie ou encore le relief.
En effet, s’agissant d’un milieu en perpétuelle évolution,
la forme d’une rivière n’est pas statique et tend à changer
aussi bien dans l’espace que dans le temps. Chaque cours
d’eau possède donc sa propre dynamique.
Le processus naturel d’un cours d’eau qui n’a pas
subi, ou peu, de modifications est d’altérer, d’éroder puis
de transporter divers matériaux solides venant de l’amont
du bassin, avant de les déposer tout au long de son cours.
Les berges d’une rivière sont elles aussi soumises à des
processus d’érosion de manière latérale.
Ces différentes étapes qui sont fonction particulièrement
du débit et de la pente contribuent à façonner le lit de la
rivière en long (amont-aval), en travers (rive droite-rive
gauche) et en plan.
Selon la quantité de matériaux transportés, de la nature
plus ou moins cohésive des berges et de la puissance du
cours d’eau, le lit du cours d’eau pourra être de différents
types : à méandres, en tresses, rectiligne, fluvial …
Le débit liquide du cours d’eau varie donc au cours d’une
année en fonction des précipitations et de la quantité de
matériaux (fins et grossiers) qui est véhiculée, c’est-àdire
le débit solide. Ces deux débits sont à l’origine des
processus d’érosion et de dépôt qui contribuent aux
ajustements morphologiques du cours d’eau. Un équilibre
dynamique de rivière est observé lorsque l’érosion et le
dépôt se compensent mutuellement.
Les altérations hydromorphologiques, qui modifient
le fonctionnement naturel des cours d’eau, sont liées
aux pressions anthropiques qui s’exercent sur les sols
du bassin versant et sur les cours d’eau. Les obstacles à
l’écoulement, la chenalisation, le curage, la rectification
du tracé, l’extraction de granulats, la suppression de
ripisylve, le drainage, l’irrigation, l’imperméabilisation
ou le retournement des sols sont autant de sources
d’altérations hydromorphologiques qui nécessitent la
mise en oeuvre de travaux ou d’aménagements visant à
restaurer les fonctionnalités initiales. (Eau France, 2010)
Une gestion équilibrée des berges et du lit d’une
rivière par des opérations d’entretien régulier favorise
un contrôle efficace de l’évolution ultérieure du milieu
aquatique. Les opérateurs concernés sont les syndicats
intercommunaux d’aménagement hydraulique (S.I.A.H.) ou
des collectivités locales possédant la compétence rivière.
De plus en plus de ces structures se dotent d’un technicien
de rivière, dont les missions sont l’observation du cours
d’eau, la préparation des chantiers, leur suivi technique et
administratif, la communication avec les partenaires et la
population …
Les travaux d’entretien et d’aménagement de cours
d’eau en Poitou-Charentes sont menés avec les concours
financiers de l’État, des Conseils Généraux et du Conseil
Régional, les agences d’eau et le soutien technique des
Directions Départementales des Territoires et de l’Office
National de l’Eau et des Milieux Aquatiques.
Trois grands types d’intervention peuvent être
distingués :
D’une manière générale, les différents travaux visent à :
Toute intervention doit être précédée d’un diagnostic
de l’état initial et global du cours d’eau (de l’amont
et de l’aval) pour cibler les différents objectifs des
interventions. Ensuite, l’impact de ces dernières doit être
mesuré et enfin, une évaluation et un suivi des travaux
doivent être réalisés. Toute intervention doit donc être
raisonnée et planifiée.
L’effacement ou l’abaissement des ouvrages
Pour les ouvrages sur les cours d’eau dont l’utilité
ne semble plus avérée ou les ouvrages abandonnés,
l’effacement de l’ouvrage est une des solutions pour
rétablir la dynamique fluviale et la continuité écologique.
L’effacement est envisagé lorsque les frais d’entretien de
mise aux normes sont supérieurs à l’utilité du maintien ou
lorsqu’il est jugé que l’ouvrage n’est pas compatible avec
certains enjeux environnementaux tels que la Directive
Cadre sur l’Eau, le plan anguille …
Sans supprimer complètement l’ouvrage et un abaissement
de la hauteur de l’ouvrage peut être envisagé pour des
raisons techniques ou en prévision d’un effacement total.
Il peut également être préféré pour concilier à la fois
continuité écologique et conservation du patrimoine. En
effet, certains usagers, habitués à la présence dans le
paysage d’ouvrages, ne souhaitent pas les voir disparaitre
et préfèrent d’autres mesures de gestion à mettre en
oeuvre qui permettent de les conserver. C’est par exemple
le cas des moulins.
La reconnexion des annexes alluviales
Les annexes hydrauliques sont considérées comme
des zones présentant un fort potentiel écologique, lié à
une faune et une flore riches et diversifiées, et montrant
de multiples rôles dans le maintien de cette biodiversité.
Cependant, ces zones humides restent des biotopes
fragiles et non protégés, qui sont souvent délaissés et
tendent à se fermer.
De multiples fonctions sont attribuées aux annexes telles
que l’interception de pollutions diffuses (phénomène
d’autoépuration), la conservation de la biodiversité du fait
d’habitats diversifiés, l’amélioration des caractéristiques
morphologiques et physiques du cours d’eau, le rôle de
refuge pour la faune et le rôle de zone de reproduction
pour des espèces piscicoles.
L’enfoncement du lit des rivières peut conduire à
la déconnexion des annexes hydrauliques qui tendent
à s’assécher et ne sont alors plus accessibles par les
espèces piscicoles et moins propices à un développement
favorable pour les espèces floristiques.
Leur reconnexion parait donc importante en vue de
retrouver une continuité écologique des cours d’eau. Pour
se faire, des travaux de terrassement sont généralement
réalisés pour permettre la reconnexion à l’aval et/ou à
l’amont.
L’entretien des berges et des ripisylves
Les opérations d’entretien des ripisylves et des
berges d’un cours d’eau sont essentielles à son bon
fonctionnement. La ripisylve est une formation végétale de trois
strates : herbacée, arbustive et arborée. Elle a
de nombreux rôles quant à la préservation de la
qualité des cours d’eau :
L’entretien de la ripisylve doit être modéré et
passe par diverses opérations : élagage, recépage,
débroussaillage, abattage sélectif de certains arbres,
enlèvement d’embâcles …
Les berges sont des écotones c’est-à-dire une zone de
transition entre l’écosystème aquatique et forestier (qui
est la ripisylve). Elles abritent des espèces de milieux
aquatiques et de rive comme par exemple, la musaraigne aquatique (Neomys fodiens), le martin pêcheur (Alcedo
atthis) ou le cincle plongeur (Cinclus cinclus).
Des techniques de génie végétal permettent de consolider
les berges avec des végétaux vivants. Leur système
racinaire stabilise les berges et les protège du courant et
de l’érosion.
Améliorer la diversité biologique
La Directive Cadre sur l’Eau donne comme obligation
le rétablissement de la continuité écologique sur les
cours d’eau classés « à grands migrateurs » et ceux qui
pourraient le devenir. Le saumon, l’alose, la lamproie, la
truite, l’anguille, qui sont des poissons migrateurs, sont
très sensibles à la qualité de l’habitat, particulier pour se
reproduire.
Différents aménagements sont donc nécessaires afin
d’augmenter la capacité d’accueil du milieu pour les
poissons :
Afin d’améliorer la qualité des écosystèmes
aquatiques et de diversifier les habitats certaines règles
sont à respecter comme modifier le moins possible la
morphologie du cours d’eau, ne pas artificialiser les berges
et le fond, reconnecter les bras morts …
La gestion des espèces exotiques envahissantes
La prolifération des plantes exotiques envahissantes
cause déjà depuis de nombreuses années, en Poitou-
Charentes, des nuisances sur le fonctionnement des
hydrosystèmes tant pour la biodiversité que pour les
usages. Pour faire face à cette situation, différentes
initiatives ont émergé en Poitou-Charentes. En témoignent
notamment :
Devant l’impossibilité d’atteindre une éradication et
pour freiner la dynamique d’expansion de ces espèces, tout
en limitant et en priorisant la dépense publique investie
dans la surveillance et la gestion de ces prolifération,
les gestionnaires et leurs partenaires financiers publics
ont besoin d’outils de compréhension et de suivi des
phénomènes invasifs pour guider les choix tactiques dans
la gestion annuelle et pluriannuelle de ces espèces.
Face à cet enjeu et à cette demande, l’Observatoire
Régional des plantes exotiques ENVahissantes des
écosystèmes Aquatiques (ORENVA) a été créé en 2007, par la Région Poitou-Charentes.
L’outil ORENVA s’inscrit dans le cadre de la politique de gestion des rivières de la Région et du Plan Loire Grandeur
Nature 2007-2013. Deux maîtres d’ouvrage interviennent
sur ce projet :
Un comité de pilotage, réuni une fois par an, valide
le projet à chaque étape. Il est constitué des Agences de
l’Eau, des Conseils Généraux, des services de l’État et des
établissements publics concernés, des associations et
collectivités d’envergure régionale, départementale, de
bassin versant et/ou ayant une expérience significative
sur la question des plantes invasives.
L’ORENVA prévoit l’organisation de la lutte à une
échelle collective afin de mutualiser les pratiques et les
moyens. Il s’appuie sur l’existence de relais locaux et
de leur expérience pour couvrir le territoire. L’ORENVA
distingue ainsi 4 niveaux d’opérateurs :
Visualisez la carte dans l’atlas cartographique de l’ORE
Un Système d’Information Géographique (SIG)
régional a été créé pour accueillir et valoriser les données
de terrain et avoir une vision partagée et exhaustive du
territoire.
La restauration des zones humides
Les zones humides, qui contribuent à la fois à la
préservation de la ressource en eau et à la protection
d’espèces emblématiques, voient leur surface fortement
régresser au cours de ces dernières années malgré un
intérêt fort et reconnu.
Plusieurs actions sont mises en oeuvre pour préserver
et restaurer ces milieux particuliers :
En Poitou-Charentes, une boite à outils « zones
humides » a été mise en place par le Forum des Marais Atlantiques (F.M.A.). Elle propose un ensemble
de méthodes de cartographie, de délimitation, de
caractérisation, de gestion et de suivi des zones humides.
Elle a vocation à faciliter l’atteinte des objectifs fixés par
la D.C.E. et le Grenelle de l’environnement via un ensemble
d’étapes à suivre pour protéger, restaurer et mieux gérer
les zones humides. (Eau France, 2013a)
À noter également l’existence du Réseau Partenarial des
Données sur les Zones Humides (RPDZH) animé par le F.M.A.
L’objectif de cette démarche est de regrouper le réseau
d’acteurs et de développer des outils cartographiques
permettant la prise en compte de la spécificité de ces
territoires.
La stratégie générale est la mise en oeuvre d’un partage
de connaissances objectives, articulé autour des données
spatiales, statistiques et documentaires, valorisant les
différents territoires mais également les gestionnaires.
À VOIR SUR LE SITE DE L’EAU EN POITOU-CHARENTES …
RPDE, Réseau Partenarial des Données sur l’Eau : www.eau-poitou-charentes.org, rubriques :
connaître l’eau et ses usages en région > Sa quantité
la gestion de l’eau > Gestion quantitative
la gestion de l’eau > Economies d’eau