5.1. De quoi s’agit-il ?
5.2. Quels sont les impacts sur l’environnement et la santé ?
5.3. Comment cette forme de pollution est-elle surveillée ?
La France est le 4ième consommateur mondial de
médicaments. Qu’ils soient à usage humain ou vétérinaire,
la France est le 1er marché de l’Union Européenne.
Ainsi, plus de 3 000 principes actifs à usage humain et
300 à usage vétérinaire sont disponibles actuellement.
(Ministère de l’Écologie, 2011b)
Après la prise de médicaments par une personne ou
un animal, l’ensemble du médicament n’est pas utilisé ou
dégradé par l’organisme. Ces résidus vont être évacués
par les selles et les urines. Ils vont être retrouvés dans :
Enfin, les médicaments non utilisés et jetés (dans l’évier,
les toilettes) au lieu d’être ramenés à la pharmacie pour
recyclage, vont se retrouver également dans ces effluents.
Un résidu de médicament peut être considéré comme
un perturbateur endocrinien, mais ce n’est pas le seul
puisque d’autres polluants peuvent également engendrer
des perturbations endocriniennes (pesticides, herbicides,
détergents, métaux ...).
Par définition, un perturbateur endocrinien est un
agent exogène capable d’interférer avec la synthèse, la
sécrétion, le transport, la liaison, l’action ou l’élimination
des hormones naturelles, - hormones responsables de la
maintenance, de l’homéostasie, de la reproduction, du
développement, du comportement. (Kavlock et al., 1996)
Il s’agit donc d’une substance ou d’un mélange exogène
altérant les fonctions du système endocrinien, et
induisant des effets nocifs sur la santé d’un organisme
intact, de ses descendants ou sous populations. (Office
National de l’Eau et des Milieux Aquatiques, 2009)
Cette problématique des résidus de médicaments
dans l’eau pose de plus en plus de questions. Plusieurs
études ont en effet d’ores et déjà montré la présence de
ces résidus dans les eaux de surface ou dans les eaux
souterraines à des teneurs variables. Or certaines de ces
ressources sont utilisées pour la production d’eau potable
et des résidus ont déjà été identifiés dans des eaux
distribuées en France. Les milieux aquatiques peuvent
eux aussi être affectés par cette problématique. Les effets
et les risques restent en revanche encore mal connus et
nécessitent une meilleure connaissance de l’évaluation
des risques.
Depuis plusieurs années, la question se pose de la
présence dans les milieux aquatiques (eaux de surface,
eaux souterraines) et dans l’eau potable, à l’état de traces,
de résidus de médicaments, ainsi que de leurs effets sur
l’environnement et la santé.
Or il n’existe pas actuellement de réglementation sur les
normes et valeurs de référence à respecter et qualifiant
l’impact et la présence des résidus de médicaments
dans les eaux. Il en existe pour certains micropolluants
(substances susceptibles d’avoir une action toxique à
faible dose dans un milieu donné : de l’ordre du nano ou du
microgramme par litre d’eau).
Outre les produits immédiats qui peuvent être retrouvés
dans l’eau, les effets des mélanges et d’interactions
possibles avec d’autres polluants déjà présents dans
les milieux aquatiques (par exemple chimiques ou
pesticides), appelés parfois effet « cocktail », ne sont pas
forcément connus.
À ces différents éléments vient s’ajouter la préoccupation
du renforcement de l’antibiorésistance des bactéries
(résistance des bactéries aux antibiotiques) dans
l’environnement, mises en contact prolongé et répété avec
des résidus d’antibiotiques.
Concernant les impacts sur l’environnement il est
avéré qu’il existe des perturbations endocriniennes
dans les milieux aquatiques. Il s’agit notamment de
« féminisation » de populations de poissons mâles. (Office
National de l’Eau et des Milieux Aquatiques, 2013).
Pour ce qui est des impacts sur la santé, pour l’eau
potable, les concentrations trouvées dans les eaux
traitées sont 1 000 à un million de fois inférieures aux
doses utilisées dans le cadre des doses thérapeutiques.
Toutefois, on ne peut pas conclure immédiatement à une
absence de risque du fait notamment des effets à faibles
doses, des multiples effets biologiques envisageables et
d’un potentiel effet « cocktail ». (Ministère de l’Écologie,
2011b)
En France, plusieurs équipes de recherche travaillent
déjà sur ces sujets. Le Plan national sur les Résidus de
Médicaments dans l’Eau (PNRM) constitue maintenant un
cadre stratégique pour que leurs travaux soient conduits
en synergie et valorisés ensuite dans la réglementation.
Une campagne nationale de mesure dans l’eau potable
et les eaux destinées à la production d’eau potable a été
confiée en 2009 par le ministre en charge de la Santé au
Laboratoire d’Hydrologie de Nancy (ANSES). Les résultats
de cette étude, rendus publics en février 2011, ont indiqué
que pour l’eau potable :
Pour ce qui est des eaux brutes (avant traitement
pour les rendre potables), il a été démontré que :
Dans le cadre de la Directive Cadre sur l’Eau
(D.C.E.), 33 substances chimiques prioritaires étaient à
surveiller en priorité. En 2013, 12 nouvelles substances
ont été ajoutées à la liste initiale (Directive 2013/39/
UE du 12 août 2013 modifiant les directives 2000/60/
CE et 2008/105/CE en ce qui concerne les substances
prioritaires pour la politique dans le domaine de l’eau).
Ce sont des substances ou groupes de substances
toxiques, dont les émissions et les pertes dans
l’environnement doivent être réduites. Ces substances
prioritaires ont été sélectionnées d’après le risque qu’elles
présentent pour les écosystèmes aquatiques : toxicité,
persistance, bioaccumulation, potentiel cancérigène,
présence dans le milieu aquatique, production et usage.
À VOIR SUR LE SITE DE L’EAU EN POITOU-CHARENTES …
RPDE, Réseau Partenarial des Données sur l’Eau : www.eau-poitou-charentes.org, rubriques :
a gestion de l’eau > Reconquête de la qualité > Re Sources
la gestion de l’eau > Reconquête de la qualité > Réduction des pesticides
connaître l’eau et ses usages en région > Sa qualité > Les pollutions et les menaces > Les résidus de médicaments dans l’eau
la gestion de l’eau > Assainissement